L’innovation et la mise en confiance, veut-on l’un sans l’autre?

26 octobre 2022

L’innovation c’est l’introduction de nouvelles idées, de nouvelles choses, ou de nouvelles façons de faire. On pourrait la diviser en trois principaux types d’innovations.

Le premier est l’innovation de rupture, qui généralement amène un changement de paradigme en créant quelque chose de complètement nouveau. C’est ce qui s’est passé lorsque l’ampoule électrique a été inventée pour remplacer la bougie.

Le deuxième est l’innovation transversale qui innove en créant une solution qui réutilise une ou plusieurs innovations existantes et qui les appliquent dans un nouveau domaine. La création du téléphone intelligent est un exemple de ce type d’innovation.

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Luc Poulin Ph.D

Expert émérite
M. Poulin compte plus de trente années d’expérience en informatique durant lesquelles il a acquis une solide expertise en technologie des systèmes et en génie logiciel

Le troisième et la plus courante est l’innovation évolutive, qui met en œuvre l’expansion logique d’une solution ou d’un processus existant. Il s’agit généralement de le rendre plus efficace, de le miniaturiser, ou d’y ajouter des services et fonctionnalités supplémentaires. Cette évolution se fait souvent de façon graduelle, sans que l’on porte toujours attention aux améliorations ou aux nouvelles possibilités qu’elle amène sur notre quotidien. Passez de la monnaie, au billet d’autobus, puis à la passe mensuelle pour payer son passage est un exemple d’innovation évolutive.

Les domaines des technologies de l’information et des communications (TIC) choyés

Ces trois types d’innovation existent dans tous les domaines, comme ceux liés à la conception et à l’amélioration de produits, de services et de processus, ou encore dans des domaines de gestion, de vente ou de marketing.

Mais ce sont les domaines des technologies de l’information et des communications (TIC) qui ont été particulièrement choyés durant les dernières décennies. L’innovation provient des idées et du travail de personnes visionnaires qui désires améliorer quelque chose lié à leur domaine d’intérêt.

L’innovation est l’un des moteurs qui stimulent notre économie. Ceci se confirme particulièrement dans les secteurs liés à l’économie numérique autant au Québec qu’à l’international ou le chiffre d’affaires de certaines organisations dépasse les centaines de millions de dollars.

Chaque innovation et avancée technologique apporte toujours son lot de promesses et de défis. Mais les personnes novatrices n’ont pas toujours les connaissances, les compétences, ni les ressources pour mettre en œuvre leur idée et il n’est pas toujours simple de valider que les promesses présentées sont réalistes, bénéfiques et réalisables ou qu’elles sont conformes aux lois et offrent une expérience utilisateur adéquate.

Vouloir stimuler l’innovation québécoise nous place donc devant deux premiers défis.

Ensemble, réfléchissons !

Premièrement, il n’est pas facile de favoriser l’innovation au sens large. Ce n’est pas parce qu’une idée semble « innovante » qu’elle l’est vraiment ou encore que les ressources, les outils technologiques et les façons de faire pour la mettre en œuvre sont directement disponibles à la personne ou à l’équipe qui possède une idée innovante et qui voudrait la réaliser.

Deuxièmement, pouvons-nous vraiment faire confiance en cette innovation ? Si oui, comment ? Quelles preuves vérifiables voulons-nous recevoir pour pouvoir accorder notre confiance en cette idée, ce processus ou cette nouvelle solution technologique ? Par exemple :

    • Est-ce une bonne idée de mettre en place une solution qui vous permet de savoir que vous avez été en contact avec une personne qui était contaminée ? Peut-être bien.

Est-ce que vos exigences de confiance seraient les mêmes s’il s’agissait d’inscrire vos coordonnées sur une feuille à la réception du restaurant que vous avez visité ou bien d’installer une application sur son téléphone intelligent qui permet de vous suivre à tout moment et d’identifier les personnes avec lesquels vous auriez été en contact afin de pouvoir vous avertir si l’une d’entre elles sont ou étaient contaminées ?

    • Est-ce une bonne idée de mettre en place une solution de votation électronique qui facilite le processus électoral, augmente l’accessibilité au vote et accélère l’annonce des résultats ? Peut-être bien.

Est-ce que vos exigences de confiance seraient les mêmes s’il s’agissait d’utiliser cette solution pour des élections scolaires, des élections municipales, des élections provinciales ou des référendums ? Si vous savez que la solution utilise une « blockchain », pensez-vous que c’est vraiment mieux et que tous les problèmes liés aux systèmes de votation électronique sont réglés ?

Maintenant, pensez simplement à toutes les personnes, les processus et aux technologies qui vous permettent d’avoir confiance à votre voiture, ou à l’autobus qui vous amènera indemne au travail demain matin : chauffeurs, mécaniciens, inspecteurs et gestionnaires ; processus de gestion, de qualification, de soutien et de maintenance ; ordinateurs, sondes électroniques, coussins gonflables et de freins ABS ; pour n’en nommer que quelques-uns.

Ou encore aux personnes, aux processus et aux technologies qui vous permettent d’avoir confiance que l’argent que vous avez dans votre compte de banque sera encore là demain et accessible d’un guichet automatique au Québec, en France ou au Vietnam.

Des pistes d’actions concrètes

Favoriser et encadrer l’innovation n’est pas une tâche simple, mais elle est essentielle si le Québec veut non seulement conserver ses acquis, mais faire progresser et faire bénéficier ses accomplissements économiques, sociaux et écologiques à toute la société. Des pistes de solutions existent déjà, dont celles amenées par le Cercle d’innovation (Cercle-i), qui propose notamment de :

    • Mettre en place un organisme qui regroupe des personnes ayant des connaissances et des savoir-faire complémentaires leur permettant d’analyser et de valider les projets innovants afin de pouvoir en évaluer les promesses, les coûts et les risques. Puis d’aider à regrouper les ressources nécessaires à la réussite des projets présentés.
    • Mettre en place une approche de réalisation et d’opération d’idées novatrices basées sur le principe de démontrabilité dès la conception (demonstrability by design), tel que mise en œuvre par la série de norme ISO/IEC 27034 Application security. Celle-ci consiste sommairement à identifier, collecter et pouvoir fournir sur demande les preuves attendues, requises à l’établissement de la confiance envers une solution novatrice, quelle qu’elle soit.

La confiance envers une innovation s’appuie sur des preuves vérifiables

On parle de l’économie du savoir depuis plusieurs années, mais voilà qu’arrive l’économie de l’innovation. Cette économie s’appuie non seulement sur le savoir, mais aussi sur la vision et les compétences de personnes qui osent sortir des cadres et proposer des solutions novatrices.

Jusqu’à aujourd’hui, la qualité de la recherche et des formations de nos institutions académiques (écoles techniques, CÉGEP et universités) ont permis au Québec de se positionner dans l’économie du savoir. Sachant que les organisations telles que les PMEs représentent la majorité des entreprises québécoises, que l’ingéniosité des experts et que le dynamisme des visionnaires qui y travaillent n’ont pas toujours accès aux ressources nécessaires pour promouvoir leurs idées, que faut-il mettre en place pour favoriser le positionnement du Québec dans l’économie de l’innovation ?

Un des incontournables à considérer est d’identifier et de pouvoir fournir les preuves nécessaires afin d’instaurer la confiance des parties prenantes envers une solution innovante, et ce à toutes les étapes de sa réalisation, de l’idée novatrice à sa mise en œuvre. Pour ce faire, il est primordial de s’assurer que les ressources requises sont disponibles à l’organisation ou l’organisme novatrice.

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